Connu pour sa voix soyeuse et les mélodies de sa guitare « jazzy style », Djavan livre une musique métissée aux influences brésiliennes entre Jazz « cool » des années 1950, chansons folkloriques locales et rythmes africains.

L’icône de la Musique Populaire Brésilienne interprètera ses classiques ainsi que cinq nouveaux titres de  » Vesúvio » son dernier album : un voyage musical entre l’Amérique, l’Europe et l’Afrique.

Alors qu’il était encore enfant, et n’était âgé que de cinq ans, Djavan accompagnait sa mère, Virginia, faire la lessive au bord de la rivière avec d’autres blanchisseuses de Maceió. C’est avec une fierté non dissimulée pour un si jeune garçon qu’il remarqua à quel point sa mère et ses amies chantaient remarquablement bien et comment elles étaient capables de coordonner leurs voix et de réaliser des solos incroyables. Il ne le savait pas à cette époque, mais c’est là, au bord d’une rivière à la périphérie d’une ville du nord-est du Brésil, qu’il a pris ses premières leçons de musique. Des leçons de musique et de beauté.
À la maison, sa mère, toujours aussi musicale, lui fit connaitre ses premières chansons par le biais de la radio : Orlando Silva, Ângela Maria et Dalva de Oliveira, qui sont parvenues à ses oreilles directement via les ondes de Rádio Nacional à Rio de Janeiro. Sa mère lui apprit également à chanter des chansons de Jackson do Pandeiro et Luiz Gonzaga, plus proches de lui non seulement en raison de leur accent mais aussi géographiquement ; ces mêmes chansons qu’il écoutait dans les rues et sur les marchés de Maceió, grâce aux enceintes disposées sur la place.
C’est Virginia, toujours elle, qui fut la première à remarquer le talent de son fils. C’est elle qui fit naître en lui le rêve de devenir un « chanteur de radio ».
Le rêve de sa mère faillit ne pas se réaliser. A l’âge de onze ans, Djavan était très talentueux non seulement dans le domaine musical, bénéficiant d’une excellente oreille et une voix remarquable, mais aussi avec un ballon entre les pieds. C’était un joueur de football exceptionnel et on le trouvait toujours en train de courir sur les terrains poussiéreux de Maceió. Djavan se distingua en tant que milieu de terrain alors qu’il jouait dans l’équipe de football des jeunes du CSA, l’équipe la plus importante de la ville, où il aurait pu poursuivre une carrière de joueur de footballeur professionnel.
Le terrain de jeu du garçon se trouvait ailleurs cependant : il s’agissait d’une grande pièce confortable chez Marcio, un ami d’école, dont le père le Dr. Ismar Gatto, possédait un puissant système de son quadriphonique en plus de quelque chose d’extrêmement rare pour la ville de Maceió au début des années 1960 : une collection d’albums qui semblait inclure toutes les chansons jamais enregistrées. C’est dans cette pièce que le garçon à l’oreille avertie a entendu pour la première fois la musique intemporelle de Bach et Beethoven, l’ingéniosité du jazz grâce à Miles Davis, John Coltrane et la musique noire représentée par Ella Fitzgerald, Sarah Vaughan et Billie Holiday ; mais aussi la musique traditionnelle brésilienne, de Noel Rosa à Tom Jobim et la « bossa nova », de l’école de samba à la « samba canção », de la richesse mélodique au rythme syncopé, toutes les chansons qu’il écoutait sur Radio Nacional avec sa mère ; c’est là qu’il découvre, avec émerveillement que Jackson do Pandeiro, Ary Lobo et aussi, Luiz Gonzaga sont de grands musiciens.
C’est à ce instant que Djavan est sûr de son avenir en tant que musicien et décide de suivre l’intuition de sa mère. On savait à peine à l’époque que l’un des plus grands chanteurs et compositeurs du monde était en train de faire ses premiers pas, quelqu’un qui jouait de la guitare acoustique comme personne, dépositaire d’un style musical unique, qui allait bientôt conquérir Rio de Janeiro, le Brésil et la musique brésilienne. Ensuite sont venus le monde, les scènes, les studios et les partenaires aux États-Unis, en Europe, en Afrique…
 

Hugo Sukman