Kaabi Kouyaté révèlera « Tribute to Kandia » son nouvel album, à l’occasion de sa sortie le 27 juin 2025 chez Buda Musique / Socadisc.
Pour cet album en hommage à son père, Sory Kandia Kouyaté (1933-1977) « La voix » de la Guinée indépendante, Kaabi Kouyaté s’est donc entouré d’un équipage ad hoc. Des fidèles comme Badje Tounkara (ngoni), Ballaké Sissoko (kora), Lansine Kouyaté (balafon) ou des invités sachant combien l’on ne pénètre dans la musique mandingue qu’avec tact et d’humilité, à l’instar d’un Jean-Philippe Rykiel, familier des musiciens africains, dont le piano prend ses quartiers dans la savane. La présence de la chanteuse Aminata Camara, qui fut choriste de son père, symbolisant comme un passage de témoin. Encore que le plus fascinant dans cet album est la voix de Kaabi, dont le timbre, les modulations, les inflexions, facétie de l’ADN, font écho de façon si troublante à celle du plus célèbre griot de la Guinée.
Sory Kandia Kouyaté (1933-1977) fut « La voix » de la Guinée indépendante. Descendant de Balla Fasséké Kouyaté, l’illustre « djeli » (détenteur de la tradition orale d’un peuple) de Soundiata Keïta, le fondateur de l’Empire du Mandingue, initié à la musique (notamment au ngoni) et à la complexe généalogie mandingue par son érudit de père, il rejoint très tôt la cour royale de Mamou où ses dons vont faire merveille. Plus tard, se fixant à Labé, il y crée un ensemble traditionnel. C’est aussi à Labé, qu’en 1951, Sékou Touré le découvre. Son intégration ultérieure dans les Ballets Africains de Keïta Fodéba va le faire remarquer très loin de son Fouta-Djalon. Et fort d’un premier disque chez Vogue et de tournées internationales, il devient, après l’indépendance de 1958, la figure de proue du Panafricanisme versus guinéen. En témoignent son rôle dans Le Ballet national Djoliba, son ouverture orchestrale avec Kélétigui Traoré et ses Tambourinis (Prix Charles Cros 1970), le travail d’expérimentation qu’il réalisa avec L’Ensemble instrumental et choral « La Voix de la Révolution », ses prestations au Festival panafricain d’Alger en 1969, à l’ONU, ou au Festac (Festival Panafricain des Arts Nègres de Lagos 1977).
C’est à ce baobab de la chanson guinéenne qu’un de ses fils, Kabiné Kandia Kouyaté, alias Kaabi, consacre cet hommage. Un projet suscité par le réalisateur Laurent Chevallier qui réalisa « La Trace de Kandia », dans lequel Kaabi revenait en Guinée sur les traces de son père, à la rencontre des lieux et témoins de sa légende.
D’après Frank Tenaille