« John Wright (1939/2013), l’homme qui faisait chanter les guimbardes

La guimbarde est un idiophone avec comme élément vibrant une lamelle actionnée par pincement avec la cavité buccale du musicien comme résonateur.

C’est ce petit instrument souvent considéré comme un jouet, ou un gadget musical, qui sera un des instruments de musique favori et admirablement joué par un Anglais installé en France : John Wright.

« La tradition c’est une révolution permanente. »

Cette phrase qu’il aimait prononcer avec son splendide accent résume bien le parcours musical de John Wright qui bouleversa le monde de la musique populaire en France en entrainant une génération à la découverte et la pratique du chant et des instruments traditionnels. En créant avec Catherine Perrier et quelques amis, en décembre 1969 : « le Bourdon », une association mythique aujourd’hui, qui chaque lundi, dans différents lieux à Paris organisait un folk Club il permettra à nombre de musiciens de venir présenter leurs musiques mais aussi à des « folkeux » de faire leurs premiers pas. C’est là qu’il rencontra, entre autres, Tran Quang Hai musicien vietnamien, maitre de la guimbarde, des cuillères et du chant diphonique.
Pour John la musique sera : le chant, le Crwth, le violon… Mais toujours avec une tendresse et un émerveillement pour la guimbarde.

« Ça se passe comme ça : on sélectionne un son initial tout en écoutant ce qui se passe à l’arrière-plan. Quand un autre son, lointain, vous séduit, on va le chercher et on l’amène au premier plan à la place du premier, et ainsi de suite ce qui donne avec les sons successifs et leur combinaison, l’impression de « promener » le son de la guimbarde dans la bouche et dans la gorge. Tout au long des années j’ai pratiqué la guimbarde, ou plutôt vécu avec le couple qu’elle forme avec la cavité
buccale »

Toute sa vie, avec sa compagne, Catherine Perrier, il exposa dans de nombreux pays, lors de ses rencontres avec des musiciens traditionnels, sa technique, la complexité et la richesse de jeu de la guimbarde. – Il participa en 1984 au premier Congrès International de Guimbarde organisé aux USA. 

Nombreux sont les musiciens pour qui, la rencontre avec John Wright, fut une révélation dans la façon d’aborder les musiques des peuples du monde et le jeu de la guimbarde. On redécouvre de nos jours la puissance et la technicité acoustique de la guimbarde grâce aux enregistrements réalisés par John Wright, comme sur le CD Promenade : 11 morceaux enregistrés en 1989 par Patrick Georges et lumineusement commenté par de nombreux spécialistes et amis de John. 

Ses adeptes sont nombreux et reconnaissants du travail et de l’ouverture d’esprit de ce musicien qui lors de longues soirées vous embarquait très vite dans une autre de ses nombreuses passions : les locomotives à vapeur ! On vous le disait le souffle c’était sa vie. ».

Philippe Krumm